Deuxième clef: le Nil, le peuple et Pharaon

Une superstition née des colères et des bienfaits du fleuve va amener les Egyptiens à tenter de prévoir et même invoquer les forces naturelles ou occultes qui dirigent le Nil, d’ou une religion puissante dont le Pharaon est maître et gage de prospérité.

Pour bien saisir le climat dans lequel vivaient les égyptiens il faut insister sur l’importances et les conséquences des fameuses crues. A l’origine ce peuple ne savait pas comment gérer le phénomène et on pouvait passer sans transition d’une longue période d’opulence à une brutale période de pénurie. Comme il n’était pas question de le domestiquer, il fallait « organiser » dans le temps la répartition des richesses dispensées par le fleuve. La civilisation Egyptienne s’est donc adaptée et bâtie logiquement autour de cette organisation.

Face aux premières périodes de pénuries la population a eu vite fait de comprendre qu’il serait judicieux de stocker une partie du fruit des récoltes afin de les répartir ensuite lors des mauvaises périodes évitant ainsi la famine. Oui, mais qui allait décider de cette répartition et en fonction de quels critères ?

Seule une autorité responsable et admise par tous pouvait le faire : le Pharaon et les scribes, ce qui suppose :

- l’établissement d’une autorité suprême appuyée par une armée et une police en cas d’opposition voire de soulèvement toujours possible lors de mauvaise période prolongée. Cela, en vue de préserver de la convoitise les précieux silos ou s’accumulaient les réserves alimentaires.

- la création d’un système de calcul des biens et gestion des entrepôts, entraînant le développement de l’écriture, des mathématiques, des supports destinés à conserver les données et des spécialistes ayant les connaissances requises pour les inscrire et les conserver. Cela implique : le développement d’artisans spécialisés dans la fabrication des calames, encres, parchemins ou papyrus utilisés pour conserver les données ( et, d’ailleurs, fournis par les roseaux du fleuve ). Le développement d’écoles pour éduquer les scribes, bref l’organisation d’une administration structurée.

Enfin, l’ultime conséquence et la plus importante en ce qui nous concerne est que les Egyptiens notaient et conservaient tout ce qui concernait les moindres détails de leur vie. Même si de précieuses archives ont disparues à jamais, un tel nombre de document a été produit par cette civilisation que, a partir du moment ou Champollion à percé le secret de leur écriture on a pu, grâce a ce qui était gravé dans la pierre des temples et tombeaux ou bien sur papyrus reconstituer jusqu’au moindre détails de leur vie quotidienne.

Voilà pourquoi une civilisation vieille de 5000 ans nous paraît si étonnement proche que l’on peut la faire revivre, des aspects mystérieux de la religion à la réalité quotidienne en ce qu’elle a de plus simple. On sait parfaitement, par exemple : comment une jeune fille se coiffait, se maquillait, a quoi elle passait ses journées, etc…

On mesure alors à quel point ce peuple et ses préoccupations étaient proches des nôtres. C’est probablement ce qui rend cette civilisation encore si actuelle et son étude si émouvante.